Reproduction insolite chez les animaux à sang chaud

Précédemment, nous avions réalisé un petit article ludique sur les reproductions insolites chez les invertébrés et animaux à sang froid mais voici à présent sa suite qui concerne les animaux à sang chaud (mammifère et oiseaux) ou vous pourrez découvrir d’autres originalités du monde animal.

Des mammifères qui pondent des œufs

Vous avez déjà entendu parler de l’ornithorynque, cet animal qui fait partie des mammifères est un marginal de haut niveau. En effet sa fourrure s’apparente à celle des loutres, il possède un bec qui fait penser aux canards et une queue qui rappelle celle des castors. Au-delà de cette apparence un ubuesque, il est également doté d’aiguillons venimeux et il pond des œufs !

En fait il appartient au groupe de mammifère le plus primitif, celui des monotrèmes qui possède quatre autres espèces au sein de la famille des échidnés. Ce vestige de nos ancêtres reptiles n’empêche pas les Monotrèmes de se comporter comme les autres mammifères après l’éclosion de leurs petits. En effet, ceux-ci vont alors être accompagnés et allaités aux premiers stades de leur vie.

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L’ornithorynque

Des amazones sans empathie

Les hyènes tachetées sont des animaux emblématiques du continent africain mais ce statut de star ne rend pas la condition des mâles très attractive. En effet, ces animaux ont un des systèmes sociaux les plus développés parmi les mammifères qui leur permet de gérer des clans pouvant compter jusqu’à 130 individus.

Les castes de chaque clan sont structurées de manière stricte sur des groupes de femelles à tendance népotique (c’est-à-dire favorisant le passage de statut aux membres d’un même sang) et c’est la capacité à lier des alliances et à faire preuve de fiabilité plus que la force qui leur permet de s’imposer.

Le rôle clé de cette structure étant le monopole des femelles, les mâles ont tout intérêt à faire profil bas. Ils peuvent sans problème être évacué d’un clan ou être mis “en liste d’attente” pour en rejoindre un autre. Dans ce cas celui-ci se contentera de rôder autour de son potentiel futur clan d’accueil recueillant quelques maigres restes de repas dont la qualité variera au gré du bon vouloir des femelles dominantes.

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Une hyène tachetée

À la période de reproduction, les femelles débordent d’hormones à tel point que le clitoris se transforme en pseudo-pénis chez les mieux gradées. Le comportement devient plus agressif et si un mâle veut profiter de ce moment pour séduire, il aura intérêt à se montrer passif et à faire preuve d’une soumission à toute épreuve. Néanmoins il semble qu’au fur et à mesure du temps les femelles finissent par attendrir leurs réactions avec les mâles qui ont su les séduire auparavant.

Un spectacle visuel pour séduire

Les paradisiers superbes sont des oiseaux de Nouvelle-Guinée dont la parade nuptiale nécessite que le mâle prépare une chorégraphie digne d’un spectacle digne d’un cabaret sophistiqué. Le mâle polygame va tout d’abord sélectionner quelques petits territoires adjacents pour y placer ses nids et ses femelles, ainsi que pour aménager une piste de dance qui va servir à convaincre ses prétendantes de ses qualités. Le résultat finale étant assez impressionnant, nous vous invitons à découvrir un petit extrait vidéo de la prestation en question.

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Paradisier superbe

Le bien connu Coucou

Tout le monde a déjà entendu parler du coucou gris, cet oiseau migrateur, sans scrupule et opportuniste. Au retour printanier en Europe, les femelles qui attendent en moyenne une dizaine d’œufs, se mettent à guetter les nids de différents passereaux pour profiter de l’absence des parents pour vite placer un de ses œufs dans la couvée. La courte gestation du coucou, fait que le bébé naît généralement avant les jeunes de l’espèce hôte et profite de son avance pour éjecter ses pseudo-frères et sœurs hors du nid afin d’obtenir le monopole de l’attention de ses parents adoptifs.

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Cuculus

Ce procédé existe chez d’autres espèces d’oiseaux et il a nécessité la mise en place de diverses adaptations pour que les animaux qui parasitent les couvées puissent arriver à leurs fins ! Chez le coucou, le couple pratique une traque d’observation attentive pour déterminer le bon moment pour intervenir. Il arrive même que le mâle aille volontairement déranger les parents afin de distraire ceux-ci de leur nid ! On a remarqué également qu’il existait plusieurs lignées de coucou différentes qui se distinguent par une spécialisation des espèces qu’ils choisissent pour abandonner leurs jeunes. Ils y développent alors des finesses spécifiques dans leurs ruses comme le fait par exemple de coloriser leurs œufs de la même manière que ceux de l’espèce visée ! Le principe de parasitisme de couver à d’ailleurs récemment (2 019) inspiré un film d’horreur nommé “Vivarium” avec Jesse Eisenberg.

Bande annonce VF du film ici

Des accouplements à en mourir

Le mâle de l’espèce marsupial insectivore Antechinus stuartii pratique la reproduction suicidaire à l’instar des saumons. En effet une fois la maturité sexuelle atteinte, ces petits animaux à l’allure de musaraigne peuvent endurer jusqu’à 14h d’accouplements sans interruption et mourir d’épuisement ensuite. Cette stratégie permet d’éviter les affrontements inutiles puisque les femelles s’accouplent avec plusieurs mâles et auront ainsi une large gamme de donneur de sperme pour leur progéniture. Le sperme de meilleure qualité sera celui qui fécondera les ovules et ce procédé assurera ainsi une qualité génétique favorable à la génération suivante.

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Antechinus stuartii

Un stage d’attente pour créer des bébés

La fouine est un petit mammifère carnivore de la famille des mustélidés (belette, blaireau, furet, martres, etc.) répandue sur une large aire de répartition s’étendant sur l’Europe et l’Asie. ce fut également un animal domestique apprécié à l’époque romaine pour la chasse au nuisible, avant d’être détrôné par le chat domestique.

Les fouines ont la particularité de s’accoupler en été et l’ovule une fois fécondé va rentrer en dormance pendant huit mois afin de viser la naissance pour le printemps. En effet la période de gestation réelle est assez rapide puisqu’elle tourne aux alentours d’un mois pour une portée allant de 2 à 5 petits.

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Fouine

Des organes génitaux en labyrinthes et des viols groupés

Chez certaines espèces de canards, les femelles ont organes génitaux en forme de labyrinthe, ce qui à pour but de déjouer les tentatives de fécondation par des mâles indésirables. En effet, chez la plupart des oiseaux les organes génitaux sont en réalité des cloaques, c’est-à-dire un orifice génital spécifique qui nécessite le consentement des deux partenaires pour que le mâle puisse verser la semence contenue dans son cloaque vers celui de la femelle.

Chez les canards, il semble que les femelles se montrent assez sélectives, et de ce fait l’évolution les a dotées d’un vagin spiralé qui comporte notamment des culs-de-sac afin de contrecarrer les mâles qui ont, quant à eux développer un pénis pouvant dépasser les 20 cm avec une érection rapide et un système de “tête chercheuse”. Ce procédé compliqué amène parfois a des associations de malfaiteurs qui organisent des accouplements forcés. On a alors un ou deux mâles qui maintiennent la femelle, pendant qu’un autre s’accouple avec celle-ci. Les mâles échangent ainsi leurs tours jusqu’à ce que tous ceux-ci aient pu s’accoupler.

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Canard colvert mâle

Parthénogenèse le retour

Dans l’article précédant, nous vous parlions du procédé de parthénogenèse qui permet à un individu femelle de donner naissance à une génération suivante sans l’intervention d’un mâle. Majoritairement présent chez les insectes, poissons, amphibiens et reptiles, ce procédé existe également de manière assez rare chez les oiseaux.

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Femelle de Condor de Californie (Gymnogyps californianus)

En effet deux cas de parthénogenèse vérifiés ont été rapportés chez des femelles de Condors californiens. Et quid des mammifères me diriez-vous ? Il semble que la parthénogenèse peut être induite de manière artificielle, une série de 200 essais en laboratoire, à la fin des années 1930 ont mis à jour une portée de lapines parthénogénétiques et identiques à leur mère. Concernant l’espèce humaine, il existe un cas discuté qui est également rapporté mais le scientifique auteur de cette expérience a été discrédité par le tribunal de son pays et inculpé à deux ans de prisons pour falsification de résultat scientifique.

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