Les mousses ont tendance à créer un joli décor dans les terrariums mais leur maintien et leur croissance posent parfois des difficultés conséquentes à plus d’un amateur. Ce petit explicatif général pourra vous aider à généraliser l’emploi de ces bijoux botaniques.

En paludarium ou en terrarium tropical ?
Les mousses forment un ensemble végétal vaste et désigné scientifiquement sous le nom de Bryophytes. Ce sont des plantes primitives qui pour certaines d’entre elles ont développé des systèmes pour résister à la sécheresse. Elles sont en général assez dépendantes de leur approvisionnement en eau. Elles sont d’ailleurs souvent utilisées pour leurs capacités de rétention puisqu’1 KG de mousse peut en général retenir 10-15 kg d’eau avec un record pour la Sphaigne du Chili qui peut monter jusqu’à 75 litres pour la même quantité. Répandues dans une série d’écosystèmes différents, aux 4 coins du globe et ayant parfois une interaction forte avec des micro-organismes pour subsister, ou une dépendance avec un système cyclique. Les mousses ne sont pas toujours faciles à apprivoiser. Il importe donc de s’orienter vers des espèces adaptées à nos différents environnements. Nous avons donc réalisé ci-dessous un petit classement d’espèces faciles en fonction du fait qu’il s’agisse d’un paludarium ou d’un terrarium tropical.
Pour le paludarium, nous pouvons vous recommander
Vesicularia dubyanna
C’est la mousse de Java (valable aussi pour la “Christmass Moss” qui est une parente proche : Vesicularia montagnei). Ses atouts :
- Bonne adaptabilité générale ;
- Aussi bien en immergé qu’émergé avec néanmoins un polymorphisme conséquent ;
- Hygrométrie minimale à 70 %.
À noter également que la mousse de java peut pousser à une hygrométrie moindre pour autant qu’une partie de la colonie soit en contact permanent avec l’eau. Jusqu’à une certaine mesure on aura alors le principe de capillarité qui permettra à de nouvelles feuilles de se développer à l’extrémité opposée. Néanmoins ce système n’est optimal que si la mousse n’est pas soumise au vent ou à une source de chaleur trop proche. La sensibilité aux minéraux dissous dans l’eau sera augmentée.
Il est à noter aussi que le terme de “Mousse de Java” est trompeur puisque l’espèce dont nous parlons ici est originaire de Malaisie et qu’elle se confond avec certains Taxiphyllums ou avec la glosadelphus zollingeri (qui quant à elle provient bel et bien de Java) aux feuilles plus fines (mais à la capacité d’adaptation similaire) . En effet à l’origine lors des premiers imports de mousses pour l’aquariophilie, on parlait de mousses au pluriel car les connaisseurs se rendaient bien compte de nombreuses différences au sein des différents lots. Ces mousses sont faciles à attacher sur divers éléments de décorations grâce à leur système de rhizoïdes qui servent d’ancres.

Vesicularia ferrei
Elle a des conditions similaires à Vesicularia dubyanna avec un aspect port pleureur. On la retrouve également parfois sous son nom anglophone de “Weeping Moss”. Hormis son port, la différence principale avec vesicularia dubyanna sera sa lenteur de croissance qui peut la rendre plus sensible au développement de potentielles algues parasites, certains champignons ou à la ventilation. Dans l’idéal également elle préférera des températures un peu plus basses.
Taxiphyllum visserie (Spiky Moss)
C’est également valable aussi pour la “Peacok Moss” qui est une espèce de Taxiphyllum similaire au port plus dressé et la Taiwan Moss (Taxiphylum alternans) également. Ses atouts :
- Bonne adaptabilité générale ;
- Aspect en plumes graphiques ;
- Apprécie une lumière soutenue pour garantir une croissance vive ;
- Hygrométrie minimale à 70 %.
Les Taxiphylum ont souvent l’avantage de pouvoir tolérer des températures un peu plus élevées que la moyenne des autres mousses. Elles ont parfois tendance également à larguer plus facilement de petits morceaux de feuilles de leur ensemble car cela fait partie des pratiques de dispersions naturelles.

Riccardia chamedryfolia (Mini Pellia)
Cette espèce à une croissance lente et demande un laps de temps plus long que la moyenne pour s’installer correctement dans un nouvel environnement. Elle sera donc plutôt orientée pour des vivariophiles ayant déjà un peu d’expérience et de maîtrise pour des environnements déjà stabilisés. Elle nécessitera une bonne exposition lumineuse et elle dispose d’une capacité d’accroche sur les éléments de décoration.
Ses atouts :
- Sensible aux polluants organiques ;
- Aspect de corail magnifique ;
- Pousse aussi bien en immergé qu’émergée.

Ne sont pas des mousses mais peuvent avoir un usage esthétique similaire :
Soleirolia soleirolii
Cette plante appelée, couramment en français “Helxine” peut se développer sur certains éléments minéraux mais aura en moyenne une moindre capacité d’accroche que les mousses citées précédemment. Elle nécessitera probablement des tailles régulières pour éviter un développement trop massif. Elle est cependant idéale pour créer un effet rapide.
Ses atouts :
- N’est pas une mousse mais est utilisée comme tel (famille des urticacées comme les orties) ;
- Croissance rapide et grande adaptabilité ;
- Nécessite un substrat pour ses racines ;
- Peut fleurir ;
- Existe en plusieurs coloris.



Selaginella Kraussiana
Elle nécessite un environnement humide et frais pour se développer. Atmosphère humide mais pas trop chaude. On retrouve également parfois Selaginella uncinata qui est intéressante également pour les nuances bleutées que peu prendre son feuillage. Dans les deux cas, on peut voir également certaines frondes devenir bordeaux ce qui rajoute un bonus esthétique. Les sélaginelles sont généralement simples et rapides. Néanmoins si votre terrarium tend à avoir des températures élevées nous recommandons alors Selaginella martensii qui tolère des environnements plus chauds.

Hemianthus callitrichoides
Populaire en aquariophilie, ce n’est pas plus une mousse que la Soleirolia (mais de la famille des Linderniacées cette fois). Elle est originaire de Cuba et de quelques zones aux alentours (Bahamas, Haiti, République dominicaine, etc.). Comme la Soleirolia, elle est utilisée à l’instar de certaines mousses pour son aspect similaire. Il faut cependant noter que cette plante est majoritairement aquatique et hormis sous une atmosphère saturée en hygrométrie et doté d’un éclairage soutenu, il est difficile de la lui faire coloniser des zones émergées.

En terrarium tropical
Leucobryum glaucum
Cette mousse fait partie des plus usitée en terrarium, néanmoins son maintien est parfois un peu aléatoire car elle supporte mal la sécheresse, la chaleur et la luminosité trop forte. De plus c’est une acidophile qui appréciera moyennement les substrats contenant des éléments basiques tels que l’argile. Si votre aménagement permet de l’envisager, n’hésitez pas à appuyer assez fort dessus lors de son installation, en effet le maintient du contact avec le sol sera la garante de son bon approvisionnement en eau.

Shagnum sp
Les sphaignes peuvent être utilisées vivantes et elles apportent une touche esthétique particulière, en plus d’un appui sur l’hygrométrie générale du milieu. Néanmoins la plupart des espèces de sphaignes sont acidophiles et rechignent à croître dans des milieux riches en azotes. Elles seront donc plutôt réservées pour des terrariums de cultures à orchidées ou à plantes carnivores. Il faut savoir d’ailleurs que les sphaignes ont une tendance à neutraliser les ions de calcium et de magnésium et ainsi à précipiter le PH.

Cetraria islandica (mousse d’Islande)
Cette mousse (qui est en réalité un lichen) est parfois tentée par les amateurs qui connaissent les réseaux de décorations florales C’est malheureusement une espèce inféodée aux régions froides de l’hémisphère nord et elle n’a donc qu’une durée de vie limitée en terrarium.

Racomitrum (Niphotrichum) canescens
C’est une espèce rare dans le commerce et c’est assez malheureux car elle s’adapte facilement à toutes une série de conditions variables. Elle est néanmoins des fois disponible dans certaines pépinières spécialisées (notamment pour la réalisation de jardins japonais).

Les mousses en tapis de jardinerie
Elles sont généralement issues de cultures professionnelles de l’Hypnum cypres (cf. ci-dessous). Très adaptable, il convient cependant de s’assurer qu’elles n’ont pas subi de traitement de désinfection néfaste. Il faut parfois se munir de patience et d’ingéniosité pour les fixer sur différents supports. On peut se les procurer assez facilement via les différents réseaux de jardinerie traditionnels.

Le MossMix
Il s’agit d’un mélange de spores et de broyat de sphaigne que l’on trouve chez plusieurs vendeurs spécialisés. C’est une préparation que l’on peut étaler sur différentes surfaces (épiweb, xaxim, liège, etc.) et qui à pour avantage d’avoir une gamme d’espèces différentes d’où un potentiel d’adaptation plus fort. Selon le mélange, les paramètres du milieu et la technique utilisée, les mousses mettent 2 à 6 mois pour croître, elles peuvent parfois apporter des surprises en étant mélangé à des fougères ou d’autres hépatiques (plantes sans feuillages). Ci-dessous une petite vidéo explicative sur le MossMix.
Quelques règles générales
- L’usage de l’eau de conduite est à proscrire car les minéraux calcaires ou les sels (en cas d’ajout d’un adoucisseur) seront mortels pour la plupart des mousses.
- Assurez-vous d’avoir une qualité d’eau à hauteur de réussite. Plusieurs espèces de mousses n’aiment pas le chlore, ni les sels organiques en excès.
- Prévoyez de pouvoir jouer sur vos paramètres et également de pouvoir réagir en cours d’expérience. L’installation d’une mousse en terrarium est multifactorielle.
- Attention à la chaleur émise par vos lampes qui peuvent brûler les mousses. Il en est de même avec une luminosité trop forte.
- S’il vous arrive de tenter la récolte en extérieur, assurez-vous de ne pas retirer des espèces menacées, comme la Buxbaumia qui peut ressembler à certaines espèces plus courantes.
- À l’inverse, s’il vous arrive de collecter des espèces invasives comme Campylopus introflexus , assurez-vous de ne pas lui donner l’occasion de se propager en diffusant des morceaux de mousses ou des spores. Nous rappelons que dans les deux cas (espèces menacés et invasives) même le transport de l’organisme que ce soit partiel ou en totalité est interdit !
Récolte dans la nature
Il nous faut rappeler que la collecte de mousse dans les bois est punie par la loi. Néanmoins certaines espèces pionnières comme le Bryum d’argent (Bryum argenteum) sont des espèces faciles et adaptables. Elles peuvent être repérées facilement sur une propriété privée pour peu que celle-ci dispose d’un jardin ou d’un muret.
Bryum argenteum

Pellia epiphylla
C’est une mousse fréquemment remarquée des amateurs et assez courante, à tel point qu’on la retrouve bien souvent à la surface de certains pots de plantes. C’est une mousse qui apprécie la fraîcheur, l’humidité constante et un PH acide.

Hypnum cypres
Elle tient son nom du Grec ancien “Hypnos” qui désigne le sommeil pour le fait qu’elle servait autrefois à rembourrer les oreillers. Adaptable, c’est une espèce qui peut se trouver facilement sur les écorces, les murs ou à même le sol.

Il est à noter également que bon nombre d’espèces de l’hémisphère nord ont besoin d’un cycle saisonnier avec période de froid et diminution de la lumière (exemple : Phsycomitrella patens) et qu’il y a aussi certaines qui sont complètement inféodées à certains champignons ou certaines bactéries pour se nourrir. La subsistance de ces organismes étant peu souvent compatible avec le terrarium tropical et/ ou les animaux maintenus. À l’inverse, ces mousses collectées dans la nature peuvent être porteuses d’animaux indésirables .Assurez-vous donc de bien définir le type d’espèces que vous allez tenter afin de ne pas faire mourir inutilement les mousses et aussi de pouvoir estimer correctement les paramètres de vos échecs et réussites.