Un petit article ludique, issu de mon travail de fin d’année en études secondaire sur le thème des reproductions hors normes chez différentes espèces animales. J’ose espérer que ce petit compte rendu non exhaustif des extravagances amoureuses du monde sauvage aura de quoi vous amuser au moins autant que j’ai eu à l’élaborer.
Un nid de bulles et un père qui aide à l’accouchement
Le combattant du Siam (Betta splendens) fait partie de la famille des poissons des Anabantidées (ou Labyrinthidés). La femelle qui arrive à terme de sa gestation ne peut pondre seule. Cela nécessite l’appui de son mâle qui va l’enserrer avec son corps afin de faire pression sur les faces latérales de son ventre pour procéder à l’expulsion des œufs.
Très mauvais gentleman il va alors abandonner sa femelle, affaiblie par le choc, pour récupérer les œufs qu’il va installer dans un nid, construit au préalable par ses soins, à l’aide de bulles de salive et de feuillage aquatiques. Tout au long des un à deux jours qui vont suivre, le mâle n’aura de cesse de réparer le nid, rechercher les œufs tombés et éloigner les indésirables.
À la naissance, les alevins ne sont pas capables de nager tout de suite. Ils pourront encore compter sur leur père pour les protéger, mais une fois que ceux-ci auront pleine capacité de liberté, ils ne pourront plus compter que sur leurs propres nageoires pour assurer leur existence.

Des coquilles d’escargots comme hôtel de charme
Dans le lac Tanganyika en Afrique de l’Est vit un groupe de petits poissons appelés Cichlidés conchylicoles qui se reproduisent dans les coquilles vides des escargots aquatiques très abondant le Neothauma. Les différentes espèces de ces petits poissons disposent de grandes quantités de ces coquilles et ils vont adapter leur répartition et leur comportement selon les zones de densités de ces coquilles.
Le neolamprologus multifasciatus
Le neolamprologus multifasciatus est un petit poisson qui établit de vraies colonies polyamoureuses. Les couples ne sont pas fixes et les jeunes voyagent librement d’un nid à l’autre en étant élevé par l’ensemble de la communauté. Pour ce type de comportement, les Neolamprologus multifasciatus nichent dans des zones ou la proportion de coquilles est très abondante.
Le neolamprologus brevis
Le neolamprologus brevis quant à lui va préférer une monogamie disciplinée et dévouée et pour cela le couple aura à cœur de choisir une zone de faible densité de coquilles. Cachés dans une zone sombre, ils iront enterrer 3-4 coquilles sous le sable et vivront cachés des prédateurs en attendant que les jeunes atteignent une taille qui les rendra plus réactifs et indépendants.

Un cadeau pour échapper au cannibalisme et pouvoir s’accoupler
Chez les Panorpa ou mouches scorpions, la femelle est peu préoccupée par la notion de se reproduire. À vrai dire, la dégustation d’autres insectes lui semble une priorité bien plus importante, et ce, au détriment des mâles. À la période printanière, ces derniers sont pris dans un dilemme entre leurs instincts de reproductions et un manque de motivation à finir au menu de celles qu’ils convoitent.
Certains mâles vont de cette façon alors tuer un insecte qu’ils vont offrir en cadeau pour que la belle puisse manger pendant qu’ils s’affairent à l’accouplement. Cela dit, la femelle est parfois plus rapide à manger que le mâle à s’accoupler. Dans ce cas, la femelle n’hésite pas à terminer son repas en intégrant le mâle à celui-ci.
Du coup, rivalisant d’ingéniosité, certains mâles vont alors, au préalable découper des petits morceaux d’écorces qu’ils vont mâcher et transformer en papier afin d’emballer leur proie avant de l’offrir. Ainsi, le temps que la femelle déballe son cadeau offre un peu plus de garantie pour que le mâle ait le temps de terminer sa fonction et de pouvoir s’échapper sain et sauf.

Un grand pénis pour rester fainéant
Les balanes sont des petits crustacés marins très facilement observables sur le littoral. Ils se présentent accrochés à un support (roche, coquille, etc.) et leur corps est entouré d’une muraille en plaques calcifiées qui vont adhérer parfaitement à l’endroit qu’ils ont choisi pour s’installer. Dans ces conditions, il est difficile de sortir pour trouver une partenaire. Heureusement, les balanes vivent souvent en colonies et les partenaires ne sont jamais loin quand on a un sexe qui peut faire près de dix fois le périmètre de son logement.
Un ou plusieurs partenaires siamois, c’est pratique dans le noir
La baudroie des abysses est un poisson qui va fusionner avec son ou ses partenaires pour être sûr de pouvoir en disposer au moment voulu. Nous vous laissons découvrir cette courte vidéo explicative qui à de quoi surprendre.
Un pénis de rechange ?
Le perce-oreille, les serpents et les requins ont en commun que les mâles sont dotés de deux pénis. En cas d’accouplement violent, il peut se produire des blessures handicapantes qui sont beaucoup moins problématiques quand on a de quoi pallier le temps de la cicatrisation.

Un slip renforcé pour les mouches
Chez les mouches domestiques, le poids des testicules équivaut en moyenne à 10,6 % du poids du corps. Pour un homme de 85 kg, cela reviendrait à un poids de plus de 9 kg en proportion ! Ils sont également capables de subir des torsions génitales pendant l’éjaculation.

L’insecte qui complexe les précoces
Bien qu’il s’agisse plutôt d’un record, il est néanmoins suffisamment impressionnant que pour être mentionné ici. Assurément, chez les phasmes brindilles comme Aretaon asperrimus, l’accouplement peut durer jusqu’à 79 jours durant !

La punaise et sa copulation traumatique
Chez les punaises de lits les femelles plus nombreuses que les mâles ne disposent pas d’orifices génitaux. Le mâle est alors doté d’un organe perforant qu’il va utiliser généralement sur les flancs des femelles rencontrées. Cela va provoquer une partie de mortalité importante chez les femelles, mais que la nombreuse progéniture à venir pourra rapidement compenser.

S’envoyer en l’air pour sauver ses enfants
Copella arnoldi est un petit poisson d’Amérique du Sud qui présente une esthétique gracieuse et un comportement de reproduction unique que je vous laisse découvrir dans la vidéo ci-jointe.
Le principe d’hermaphrodisme successif
Chez plusieurs espèces animales, il existe des individus possédants autant les organes génitaux mâles que femelles (chez la plupart des plantes aussi d’ailleurs). Un exemple bien connu, à quelques exceptions près, est celui des escargots.
Peu de gens le savent, mais il existe également un principe d’hermaphrodisme dit successif ou l’individu va passer d’un sexe à l’autre selon différents critères.
Il existe trois formes d’hermaphrodisme successif :
- La protandrie : l’individu est d’abord mâle et devient femelle par la suite.

- La Protogynie : l’individu est d’abord femelle et devient mâle ensuite.

- L’alternant : L’individu est capable de passer d’un sexe à l’autre plusieurs fois lors de son existence.

Le principe d’hermaphrodisme successif bien qu’encore soumis à études semble démontrer divers avantages pour contrecarrer la dégénérescence génétique, augmenter la fécondité ou trouver un partenaire.
Plus on est de fous, plus on rit
Chez la limnée, un escargot aquatique de nos régions, les organes sexuels mâles et femelles sont disposés d’une manière peu pratique à l’accouplement de deux individus. Il n’est pas rare alors de rencontrer de véritables chaînes d’escargots ou chacun va pouvoir assumer les deux rôles tandis que les individus à l’extrémité seront quant à eux limités à un seul de ces rôles.

Les vierges à écailles
La parthénogenèse est un mode de reproduction sexué qui permet à un individu femelle de donner descendance à une génération d’individus qui n’auront pas reçu le matériel génétique provenant d’un père. C’est un phénomène connu chez plusieurs espèces de poissons, insectes, mollusques, amphibiens et reptiles. Chez l’abeille, la reproduction avec un mâle donnera un individu femelle (qui sera ensuite reine ou ouvrière selon le nourrissage subit lors de son stade larvaire). La reine produit également une descendance parthénogénétique qui quant à elle donnera uniquement des mâles !
Le phénomène a été plusieurs fois documenté suite à diverses observations en captivité. Notamment chez le requin-marteau, mais également en 2005 de manière plus improbable chez le varan de Komodo en 2005.


Ce processus a d’ailleurs pris l’avantage chez certains lézards du groupe des Cnemidophorus, ou les mâles sont inexistants ! À la période des amours, certaines femelles simulent des accouplements, ce qui provoque une réaction hormonale qui va déclencher la parthénogenèse.

Plus improbable, mais existante, néanmoins est la parthénogenèse chez les animaux à sang chaud, mais nous vous en parlerons dans un article à venir prochainement.
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