Présentation du concept des jardins naturels

Nombreux sont ceux qui sont encore peu initiés au principe des jardins naturels dont on vante des mérites qui semblent parfois trop beaux que pour être vrai. Avec cet article, vous aurez peut-être l’occasion d’y voir un peu plus clair et de vous laisser aller ainsi à une nouvelle philosophie.

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Jardin anglais

Introduction

La réalisation de jardins naturels est un phénomène qui gagne en popularité depuis une vingtaine d’années. Son succès fait suite à une conscience écologique de plus en plus présente dans notre société et elle se met également en réaction à l’ancienne philosophie en jardinage qui voulait que l’homme domine la nature. Ce rapport conflictuel obligeant ainsi le jardinier à intervenir régulièrement dans ses réalisations a été entrenu par le secteur commercial qui a pu ainsi mettre en place une politique rentable en se rendant indispensable à la réalisation d’un jardin d’intérêt. Ce rapport à l’argent à d’ailleurs créer un certain élitisme dans la réalisation des jardins qui en associait l’image des propriétaires à des gens distingués et d’un certain prestige social.

La tendance s’inverse au début des années 2000 suite à une meilleure conscientisation des gens et à la raréfaction de différentes espèces sauvages. Plusieurs activistes vont alors soulever différents déséquilibres et potentiels pathologiques de ces méthodes qui vont pousser plusieurs cultivateurs, agriculteurs et paysagistes à s’inspirer de méthodes anciennes qui vont être remises au goût du jour pour un travail plus équilibré et en partenariat de la nature.

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Prairie sauvage en abord de cultures de céréales

Un changement de philosophie

Là ou l’intérêt des jardins d’antan est d’imposer une ligne esthétique forcée, le concept du jardin naturel se veut plus libre et variable. Ce changement d’optique et cette acceptation offrent un avantage indéniable en termes d’adaptation face aux variations de l’environnement car il permet aux plantes et à la biodynamique d’utiliser tout le potentiel de leurs réactions en termes de stratégies.

En effet depuis son existence, la nature a eu le temps de se construire et de se gérer toute seule.

Le regard et la finalité de ce type de jardin vont donc se baser sur d’autres éléments. On ne considère plus la réussite au fait de maintenir une forme en boule sur un buisson ou un rosier mais dans le fait par exemple de voir s’installer un nombre de plus en plus important d’espèces animales de toutes sortes. L’intérêt va se porter également sur l’observation des différents mécanismes du vivant et les diverses richesses que celui-ci à offrir. D’une certaine manière on peut résumer que la multiplication du mouvement prévaut sur le statique des concepts plus traditionnels. On peut également dire sans se tromper que c’est un concept qui ouvre davantage les esprits vers la contemplation.

Avantages

  • Des réalisations plus solides sur le long terme ;
  • Des entretiens moins lourds et plus espacés qui allègent l’idée de contrainte que l’on peut associer au thème du jardin ;
  • Des jardins moins onéreux ;
  • Une meilleure influence sur la santé dut au fait de la suppression de composés chimiques artificiels ;
  • Un risque quasi nul de propagation de maladies et de parasites grâce à la mise en place de système d’équilibrages et de régulations ;
  • Une aide à la biodiversité qui offre en retour une meilleure abondance en floraisons / fructifications ainsi qu’une foule de phénomènes et d’êtres vivants à observer.
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Musaraigne

Inconvénients

  • Certaines personnes phobiques d’insectes, araignées ou d’animaux rampants peuvent risquer d’augmenter une rencontre à sensations fortes dans ce genre de jardin ;
  • Ceux qui sont allergiques aux piqûres de guêpes ou abeilles augmentent la probabilité de contacts. Cela dit moyennant quelques simples précautions cette augmentation de risques devient quasiment nulle ;
  • Une esthétique plus “sauvage” qui peut demander un temps d’adaptation à certains esprits plus ancrés dans la conformité d’un jardin “classique”.

Comment fonctionne un jardin naturel ?

Pour beaucoup, le concept à de quoi surprendre et semble parfois un peu trop beau pour être vrai. Voici quelques démonstrations théoriques qui vous éclaireront sur le fonctionnement de ces jardins :

Fertilisation

Là ou d’ordinaire il convient d’administrer divers engrais de manière régulière pour que les jardins restent abondants en floraison et croissance, l’éthique va plutôt se concentrer sur la création de cycles de nutriments indépendants. Le principe étant de travailler à donner tous les outils nécessaires lors de la réalisation pour que l’écosystème puisse parvenir à s’autofournir face à ses besoins. Pour cela on se met d’autant plus en phase avec les différents paramètres du milieu et l’on va intervenir sur d’autres aspects que la simple chimie en prenant en compte la mesobiologie (étude d’un environnement et de son impact sur le vivant) , la microbiologie (bactérie, micro-animaux et champignons qui vont intervenir comma adjuvant dans le recyclage et l’assimilation des nutriments), les relations entre espèces etc.

Un exemple souvent usité est celui des feuilles mortes en saison automnale et que l’on a tendance à laisser sur place pour décupler divers avantages :

  • Protection thermique en hiver et abri pour divers animaux utiles qui se réveilleront au printemps ;
  • Introduction dans le sol d’hydrates de carbones qui favorisent la croissance et la bonne santé des végétaux ;
  • Meilleure santé du sol, grâce à un apport nourricier pour les micro-organismes utiles, ainsi qu’une aide à l’aération de celui-ci grâce aux vers qui vont aller chercher les feuilles en créant des galeries par lesquels l’oxygène pourra circuler, apportant ainsi une meilleure dynamique bactérienne qui aidera à la digestion des nutriments à la manière des bactéries utiles que nous avons nous-même dans nos intestins.
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Les feuilles de chênes sont un atout précieux tant leur décomposition apporte des avantages indéniables à la terre !

Gestion des indésirables

On entend là la gamme des pucerons, limaces, nématodes etc. qui ont un potentiel de destruction massif envers les végétaux. Pour la gestion de ces indésirables le principe se base sur deux points :

  • Une meilleure santé des végétaux qui favorise les réactions naturelles de défenses et de reconstruction en cas d’attaque ;
  • La création de niches pour les animaux prédateurs tels que hérissons, amphibiens, coccinelles, musaraignes, oiseaux, etc. En instaurant la présence régulière des prédateurs naturels, la moindre augmentation de ces indésirables / proies est rapidement canalisée.

Tailles et condensation des végétaux

De par la volonté de changer d’éthique, l’utilité de la taille devient moindre et il est de plus en plus observé que cela génère un meilleur rapport de santé chez beaucoup de végétaux. En effet le fait de ne pas multiplier les blessures et agressions de manière excessive empêche les plantes de s’épuiser de manière précoce. Les tailles en jardin naturel restent de type doux et sont plus raccord avec la biologie naturelle. La diminution des tailles permet également d’éviter d’appauvrir les sols.

L’usage de plantes auxiliaires et réellement adaptés

Le concept favorise l’emploi de plantes indigènes qui ont l’avantage d’être parfaitement adaptées et sereines dans nos contrés puisqu’elles ont évolué sans cesse avec celles-ci. Il y a de plus différents rapports et propriétés qui sont exploités dans un avantage gagnant-gagnant entre le jardin et son propriétaire. À titre d’exemples nous pouvons donner :

  • Les marguerites qui sont une des nourritures principales des syrphes dont les larves sont de grandes chasseuses de pucerons ;
  • La famille des fabacées qui intègre l’azote aérien dans le sol et participe ainsi à la fertilisation de celui-ci ;
  • Les armoises, allium et thanaisies qui sont de puissants répulsifs pour les limaces et autres destructeurs ;
  • Les rampantes qui canalisent la déshydratation du sol et l’épandage des adventices envahissantes ;
  • L’usage de vivaces champêtres de tailles réduites qui permettent de se passer des tontes, créant ainsi un paillage naturel, un gain d’effort (on se contente alors d’une ou deux fauches par an) et une protection naturelle. On y retrouve le buglosse, l’achillée, les silènes, les phacélies, les bourraches, etc.
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Différentes sources et documentations sur ces procédés

Bien que le concept soit encore méconnu de la majorité du grand public, il existe diverses études et documentations théoriques et pratiques de cette éthique. Vous pouvez ainsi retrouver une explication plus large via les différentes références suggérées ci-dessous, si vous souhaitez vous familiariser ou en apprendre davantage.

Le petit traité du jardin punk, apprendre à désapprendre.

Le jardin punk se doit d’être pas cher, facile à faire,facile à entretenir, autonome dans la mesure du possible, résistant aux agressions, non nuisible, écologiquement intéressant et plus beau que l’existant”.

Par Eric Lenoir (Paysagiste) aux éditions Terre Vivante

Le potager du paresseux

“Les livres sur le jardinage ne manquent pas, les méthodes non plus… Mais cet ouvrage est différent : il rend compte d’une expérience personnelle, celle de produire, de manière très simple quoique peu orthodoxe, des légumes plus que bio AB, en quantité, sans aucun travail du sol, sans engrais, sans compost, sans pesticides, sans buttes… et sans impact négatif pour la planète. Pour cela, l’auteur, après un accident lui ayant imposé de ralentir le rythme, a passé au crible de ses connaissances agronomiques les habituels gestes du jardinier. Au regard de ce qui se passe dans un sol vivant, est-il indispensable de bêcher, de biner, de creuser, d’ameublir le sol ? Est-ce seulement utile ? Ne serait-ce pas carrément nuisible ? Les réponses qu’il a trouvées l’ont amené à une approche innovante : la phénoculture ! Chemin faisant, il corrige dans la permaculture ce qu’il considère comme étant des défauts techniques. Il esquisse la grande cohérence du système vivant que peut devenir tout potager si on respecte ses mécanismes biologiques – à condition de les connaître ! Il explique tout l’intérêt qu’il y a à coopérer avec ce système plutôt qu’à s’y opposer, à le contrarier sans cesse, à le piétiner… Ce livre est précieux pour ceux qui aiment comprendre avant d’agir… Pour ceux qui se méfient des modes, aussi… Ou simplement ceux qui s’interrogent !

Didier Helmstetter (agriculteur) aux éditions TANA.

Secret de jardinier paresseux

“S‘équiper, semer, entretenir… nos astuces pour un jardin sans effort ! Vous rêvez d’un jardin luxuriant ou d’un potager gourmand mais tremblez à l’idée du travail de forçat qui vous attend ? Pas de panique !

Philippe Chavane (auteur spécialisé en jardinage) aux éditions Leducs

La page wikipédia jardins sauvages

La page Wikipedia des jardins sauvages décrit de long en large le phénomène et les attentes qu’il peut honorer.

Les Associations Natagora et Adalia

natagora et adalia

Des exemples concrets accessibles au public :

Jardin modèle Natagora au Jardin Jean-Félix Hap à Etterbeek

  • Refuge naturel modèle Natagora de La Marache à Lasne ;
  • Refuge naturel de l’ASBL Ardennes Liégeoises à Ferrières ;
  • Jardin naturel de Gerpinnes.

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