Les bienfaits des vers dans nos jardins

Ami des jardiniers et mal aimé à cause de son mucus gluant, c’est également un travailleur infatigable et un indicateur de la richesse du sol. Focus sur un animal qui mérite qu’on lui fasse honneur.

Lumbricus terrestris
Lumbricus terrestris, le ver de terre commun

Origines des vers de terre

Originaire d’Europe et largement répandu depuis (principalement en Amérique du Nord), le lombric commun fait partie de la famille des lumbricidés et est hermaphrodite. Source de nourriture pour plusieurs animaux (divers oiseaux, hérissons, grenouilles, crapauds, salamandres, musaraignes, etc.), il est un puissant adjuvant à la santé des sols en enfouissant les éléments organiques et en faisant remonter les éléments minéraux. Il participe également à la diffusion de l’oxygène et à la dispersion de bactéries utiles. Fort d’une prédation intense, il donne une moyenne de 400 petits par an et vit entre 4 et 8 ans. Cet animal ne possède pas de poumon, sa respiration se fait par voie cutanée. C’est l’espèce majoritaire de vers terrestres en Europe, il atteint maximum 20 cm de long. Grâce à la grande efficacité du système microbien à l’intérieur de son tube digestif, il peut digérer près de 20 à 30 fois son volume de terre au quotidien. Charles Darwin passera une bonne partie de sa carrière à étudier les lombrics dans des pots en argiles. Il leur jouera même du piano pour vérifier la surdité des animaux.

Les différentes espèces de vers de terre

Il existe à peu près 150 espèces de vers de terre en France et elles se répartissent sur trois stades de profondeurs du sol :

  • Les vers dits épigés (Eisenia sp, Dendrobaena octaedra, forme juvénile de Lumbricus terrestris,...) sont des vers de surfaces qui consomment des débris organiques, Principalement de petites tailles (rarement plus de 10 cm ) et représentant moins de 1% de la biomasse de vers dans le sol. Plusieurs espèces peuvent sauter et grimper sur des supports non-lisses pour échapper aux inondations ou aux prédateurs.
Eisenia foetida
Eisenia foetida Par Rob Hille — Travail personnel,
  • Les vers dits endogés (Lumbricus rubellus, Ailoscolex sp ,Agastrodylus sp,…) vivent un peu plus profond (on considère que la zone endogée démarre à 20 cm sous la surface du sol ) et ils consomment à la fois des éléments organiques et minéraux. Ils vont avoir un rôle complémentaire par rapport aux deux autres catégories. Ils représentent 20 % de la biomasse des vers en Europe mais se répartissent dans des sous-catégories spécifiques et aux rôles précis (géophages/Rhizophage/épi-endogés, carnivores,…)
  • Les vers anéciques (Lumbricus terrestris, Allolobophora chlorotica ,…) sont inféodés aux couches plus profondes et remontent principalement la nuit pour se nourrir. Ils créent ainsi des galeries d’aération importante pour la microvie des sols et le système racinaire de plusieurs plantes. Cela permet également un bon brasage et un bon mélange des différents nutriments, ainsi qu’une rétention d’eau plus efficace et une diminution de l’érosion des sols Ils représentent la majorité de la biomasse des vers européens (80% ), ce sont également les plus grands vers du continent (jusqu’à un mètre).
lombric

Astuces pour privilégier une bonne installation des vers de terre

  • Installer un bac à compost
  • Du paillage organique
  • Non-usage de pesticides (ainsi que de sulfate de cuivre et de bouillie bordelaise)
  • Éviter l’usage de motoculteurs
  • Culture d’engrais vert (moutarde, phacélie, trèfles, etc.)
  • Signalez le vers Obama nungara via ce formulaire espèce invasive et sans prédateur, qui se nourrit des lombrics.
Obama nungara
Obama nungara un prédateur sous surveillance

Qui est ce vers Obama nungara ?

Originaire d’Amérique du Sud et introduit accidentellement en Europe (France, Belgique, Suisse, Portugal, Royaume-Unis, …) il appartient au groupe des planaires (vers plats qui regroupent entre autres le Ténia ou la douve du foie) et fait partie d’une catégorie animale encore mal connue, ce qui rend son élimination et sa gestion plus difficiles. Il semble détester l’altitude et peut se retrouver localement en grande densité.

Un autre vers du même groupe et posant la même problématique est le Plathelminthe de Nouvelle-Guinée (Platydemus manokwari) qui se montre très adaptable quant aux conditions de son environnement et particulièrement efficace pour éliminer les gastéropodes et autres vers des écosystèmes indigènes qu’il rencontre (il est d’ailleurs estimé comme faisant partie des 100 espèces invasives les plus problématiques de la planète).

Une troisième espèce exogène à été découverte en France et en Italie et fait l’objet de surveillance : Diversibipalium multilineatum

Platydemus manokwari
Platydemus_manokwari Par Shinji Sugiura — Travail personnel