Melanotaenia : merveilles d’Océanie !

Les mélanotaenia sont des poissons magnifiques et sous-évalué chez les aquariophiles. Originaires principalement d’Australie et de Nouvelle-Guinée, ces poissons présentent des caractéristiques peu communes en aquarium. De quoi prendre le temps quelques minutes de s’y intéresser pour découvrir ou redécouvrir ce genre qui à de quoi attiser la contemplation !

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Melanotaenbia boesemani originaire du lac Ajamaru en Papouasie occidentale (Irian Jaya)

Présentation

Les mélanotaenia sont des poissons qui ont connu un coup de popularité assez vif en aquariophilie. Dans les années 80 et 90 suite à leur allure originale et aux couleurs vives que plusieurs de leurs membres présentent. Ce sont particulièrement les mâles qui ont recours à ces coloris assez vifs dont ils se jouent afin de créer des parades amoureuses assez spectaculaires qui auront pour but évident de séduire les femelles .Mélanotaenia est un mot composé à partir du grec ancien (Melano = noir et Taenia = bande) et fait donc référence à la bande noire latérale arborée par une majorité d’espèces de ce genre qui regroupe à l’heure actuelle 95 espèces de poissons (71 décrites officiellement) dont une dizaine est assez facilement disponible dans le commerce et près d’un tiers de ceux-ci en danger critique d’extinction .Ils sont originaires du S-E asiatique, du nord et de l’est de l’Australie ainsi que de Papouasie-Nouvelle-Guinée. L’espèce type qui représente le genre est le Melanotaenia boesemani (cf photo ci-dessus).

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Melanotaenia solata


Un peu de biologie

Les melanotaenia font partie du groupe des Athériniformes que l’on connaît également en aquarium avec les genre Bedotia, Pseudomugil,Iriatherina, Glossolepis (Ces deux derniers étant également de la famille des melanotaeidées) mais aussi de manière moins initiées avec les athérines ou faux-éperlans qui sont consommés dans les cuisines des régions de la façade atlantique et de l’ouest de la Méditerranée. Car la majorité des athériniformes sont issus des eaux côtières et salées. De ce fait plusieurs de leurs représentants se sont adaptées aux eaux douces et saumâtres (Madagascar, est des USA Océanie, Indonésie). C’est un vaste groupe qui se répartit sur la quasi-totalité des mers et océans et fournit de ce fait de nombreuses bases de chaînes alimentaires et économiques. Autrefois classés dans la famille des Athérinidés, les Melanotaenia forment maintenant une famille à part, caractérisée notamment par la présence de deux nageoires dorsales séparées.

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Atherina hepsetus un autre représentant des athériniformes, faisant quelquefois partie de la cuisine méditerranéenne

Quelques espèces phares en aquariums

Melanotaenia praecox endémique de Nouvelle-Guinée et décrit en 1922.

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Melanotaenia australis endémique de Kimberley et Pilbara, en Australie et première espèce du genre
à être décrite (1878)

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Melanotaenia parva endéique du lac Kurumoi dans la peninsule Bird’s Head au N-O de la
Papouasie. Décrit en 1990.

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Melanotaenia lacustris originaire de la rivière Sororo et du lac Kutubu en Papouasie

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Melanotaenia parkinsoni originaire de la région de Port Moresby au sud de la Papouasie

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Melanotaenia trifasciata originaire du Queensland (N-E australien ).

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Milieux naturels

Comme vous avez pu le voir avec les quelques espèces qui précèdent, les Melanotaenia ont souvent des aires de répartitions assez petites et délimitées, ce qui augmente leur potentiel de vulnérabilité. La Papouasie-Nouvelle Guinée est un pays océanien indépendant depuis 1975 et juxtaposé à l’Irian Jaya sous gouvernance indonésienne . Les deux états forment l’île de Nouvelle-Guinée qui est un résultat de la pression exercée de la plaque océanienne sur les fragments de plaques comprises entre l’Asie et l’Océanie. Lors de la dernière glaciation l’île était rattachée à l’Australie et cela explique la présence de nos Melanotaenia de chaque côté de la mer de corail.

La Papouasie est essentiellement montagneuse et les vallées sont peuplées par des forêts denses et ombrophiles La moyenne des températures est assez chaude et il y règne une hygrométrie élevée. À l’instar de l’Amazonie, la zone est riche en biodiversité et présente un potentiel économique assez fort (présence importante de gaz naturel, mines de cuivres et d’or, bois nobles, gisements de pétrole, cultures importantes de Bananes, noix de coco,cannes à sucres, etc. . Ce potentiel économique met à mal la biodiversité de la région de part la pollution et la déforestation qu’il induit.

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Palmiers Metrolyxon dans les marécages de l’Irian Jaya


Les eaux de Papouasie sont principalement courantes avec néanmoins quelques lacs.

Le relief géologique apportant une variabilité minérale géographique combinée aux fortes précipitations donne des paramètres variables mais dont nous pouvons néanmoins mettre en évidence un PH proche de la neutralité (7-7,5) une température de 22-32 °C et un GH de 8- 20 / Le Queensland australien est l’état du N-E, elle est dotée de forêts tropicales à l’instar de la zone papouasienne mais il y règne davantage de variations climatiques avec des fois des pics de plus de près de 50 °C.

Maintenance générale et comportement

Les Melanotaenia sont des espèces pacifiques qui peuvent être maintenues avec la quasi-totalité des espèces communautaires qui acceptent leurs vivacités et leurs paramètres physico-chimiques. Un Ph neutre, une dureté moyenne , une température entre 23 et 33 °C ainsi qu’un taux de polluant organiques au plus bas (Phosphates, nitrates,silicates, etc.) sont les données chimiques moyennes compatibles à toutes espèces mais il faudra également un aquarium assez allongé pour leur permettre de nager de manière dynamique, d’autant plus qu’ils sont grégaires ! Dès lors un banc de six individus sera un minimum et de ce fait il est difficile d’imaginer les maintenir dans des aquariums de moins de 200 litres. À noter aussi que plusieurs espèces sont assez proches génétiquement et que
les hybridations peuvent arriver facilement. Niveau alimentation les Melanotaenia sont des omnivores à tendance carnivore. Dans la nature ils opèrent comme des microprédateurs et la majorité de leur nourriture se compose d’insectes et de crustacés . En aquarium on peut donc les nourrir avec des paillettes ou des microgranules de commerces que l’on va compléter par un apport varié de vivant et congelés carnés (vers de vases,
artémias, daphnies, microgrillons, larves de moustiques, etc.). Les bancs de Melanotaenia ne sont ni hiérarchique, ni territoriaux, ils sont régis par le comportement de masse, à l’instar de nombreux Characidés (néons,tétra citron,tétra cuivre, etc.) Assez robustes ils sont peu sensibles aux maladies. Néanmoins quelques problèmes cutanés peuvent apparaître suite principalement à des blessures issues de leurs nages rapides ou de paramètres d’eaux. Ces lésions peuvent se corriger via des changements d’eaux importants (25-30 % du bac tous les 15 jours) et un traitement approprié en cas d’infection, celles-ci sont alors généralement bactériennes, mycosiques ou issues de protozoaires (cf. points blancs). Les mâles sont en général assez vifs et prononcés à l’inverse des femelles qui se montrent plus ternes et discrètes.

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La Daphnie est un crustacé très apprécié des Melanotaenia !


Reproduction

La reproduction à généralement lieu à l’approche de la saison des pluies dans la nature ais elle peut intervenir toute l’année en aquarium. Les différents Melanotaenia sont plus particulièrement stimulés au lever de soleil matinal, les mâles entament alors une série de danses similaire à des convulsions ou ils déploient leurs nageoires devant les femelles. Un jeu de couleurs se forme alors sur les façades latérales des prétendants qui arborent une ou plusieurs bandes dont ils vont faire varier l’intensité, ce qui à probablement pour but de mettre la femelle dans un état hypnotique déclencheur de la ponte. Les œufs sont lâchés à proximité du sol et d’un amas de plantes et le mâle les fertilise immédiatement. Il n’y a pas de prise en charge parentale chez les Melanotaenia et les adultes doivent être séparés de la ponte dès que la parade se termine au risque de voir celle-ci finir au menu ! Les œufs mettent en moyenne une dizaine de jours à éclore et ne doivent pas subir un GH de plus de 10 sous peine d’entraver l’éclosion des alevins. La ponte peut atteindre les 200 œufs chez les espèces les plus fertiles et la croissance bien que suivie ne fait pas plus d’un centimètre par mois. Ce qui explique en partie le prix un peu onéreux de ces poissons qui mettent presque un an à être commercialisable.

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Groupe de reproducteurs Melanotaenia bosemani

Couleurs trucs et astuces

Dans les années 2000 le succès des Melanotaenia va tomber en partie lié au fait que les spécimens de couleurs intenses vont être de moins en moins faciles à trouver. L’élevage intensif ayant favorisé l’apparition de souches délavées et la difficulté de se procurer des formes sauvages dues aux différents organismes de protections australiens et à aux environnements sauvages souvent dangereux et peu accessibles fait que ces poissons tomber peu à peu en désuétude. Néanmoins celui qui recherche peut encore trouver quelques pépites chez un commerçant digne de ce nom et afin de maintenir les qualités chromatiques de ses animaux il aura à cœur de lui offrir un environnement au plus proche de ses conditions d’épanouissements. N’hésitez pas à faire un combiné d’éclairage différent, les fréquences de lumières froides favoriseront un effet métallique, les fréquences chaudes révéleront l’orange et le rouge. Essayez d’avoir l’indice de rendu colorimétrique (IRC) de votre éclairage. Plus celui-ci sera proche de 100 et plus la lumière sera riche et favorisera la mise en évidence de différentes nuances. L’alimentation aura à cœur d’avoir une belle part en provenance de différents crustacés qui de par le carotène et l’astaxanthine présent dans leurs chairs viendront renforcer le coloris naturel des poissons. Quelques plantes de surfaces comme la Ceratophylum ou la Riccia viendront créé des zones de lumières à intensité variables qui feront viendront naturellement créer des jeux esthétiques sur les chromatophores (cellules à pigments) de vos poissons et viendront de ce fait, sublimer vos yeux !

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Riccia fluitans, une mousse flottante et facile à vivre

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