Plantes en Aquarium : astuces d’une plantation réussie

Les plantes sont de lointaines cousines avec 85% de gènes communs entre l’homme et une plante anubias par exemple.

Aquarium planté
Une dense jungle aquatique à laquelle nombre d’aquariophiles aspirent .

Les plantes mangent, respirent, ont des organes génitaux pour la plupart, ont un système de langage chimique, elles tombent malades, elles ont besoin de bactéries pour pré digérer leurs aliments.

À l’époque de l’explosion cambrienne (entre 540 et 530 millions d’années) plantes et animaux sont issus d’un groupe nommé procaryote dont sont issues les fameuses cyanobactéries dont on considère aujourd’hui qu’elles sont les ancêtres de tous les genres botaniques qui ont suivi.

Comprendre les plantes

Se renseigner avant d’acheter

La plupart des plantes d’aquarium proviennent d’Asie, quelques espèces sont originaires d’Amérique tropicale et d’Afrique. Il reste un petit pourcentage aux origines diverses (Europe méditerranéenne, sud des USA, etc.). Prendre la peine de se renseigner sur l’espèce voulue au même titre que ce que l’on fait pour les poissons peut éviter bien des ratés !

Les plantes sont majoritairement de couleur verte, certaines plantes sont de couleur rouge néanmoins. La couleur verte est due à un pigment bien connu appelé chlorophylle.

Néanmoins, des caroténoïdes sont également utilisés par certaines plantes : ils vont du jaune orangé au rouge, ce qui explique pourquoi certaines plantes, pas les plus nombreuses, auront des feuilles roses, oranges ou rouges. Les caroténoïdes étant moins efficaces que la chlorophylle pour effectuer la photosynthèse, ces plantes réclameront une intensité lumineuse élevée. 
Enfin, un certain nombre de plantes voient la coloration de leurs feuilles changer selon l’intensité lumineuse. Par exemple, Hygrophila polysperma voit ses feuilles supérieures plus exposées à la lumière devenir rosées alors que les feuilles inférieures elles restent vertes.

Les caroténoïdes nécessitent d’avoir du fer en quantité suffisante. Il sera alors important de travailler avec un complément en fer chélaté afin de garantir la pérennité des plantes visées.

Il est important de faire en sorte que la lumière arrive bien à la base des pieds. Quand on achète des plantes en bouquets liés avec un plomb, il est utile de diviser les pieds et de les espacer de quelques centimètres lors de la plantation. La lumière pourra se diffuser jusqu’à la base du pied et l’évolution du sujet pourra se faire de manière plus uniforme.

Les petites plantes possèdent souvent un système racinaire grêle, une petite astuce consiste à prendre une paire de ciseaux et à couper la laine de roche dans laquelle la plante est installée, à un cm en dessous de celle-ci. On dispose alors d’un socle qui pourra être bloqué facilement dans le sol et à partir duquel la plante pourra s’étendre. On peut également utiliser les plantes installées sur grillage. Ce système sera d’ailleurs plus facile, mais dans tous les cas ce type de plantes nécessitera un substrat à granulométrie fine afin de parfaire leur accroche.

Intérêt du chauffage au sol (voir schéma) :

Schéma du chauffage par le sol
Schéma explicatif de la circulation des nutriments grâce à la température . le rouge exprime la chaleur qui s’élève et le bleu exprime le froid qui redescend.

Recette de substrat maison pour plantation

  • 50% de tourbe blonde, utile pour son apport en carbone et sa rétention d’air.
  • 20% de sable de rivière qui a une capacité drainante.
  • 20% d’argile, un bon apport d’éléments minéraux.
  • 10% de pouzzolane (10%) qui retient les éléments nutritifs. C’est un support bactérien intéressant. Elle apporte des oligo-éléments et favorise l’enracinement.
  • Ajout de chaux d’algues ou de poudre basalte.

Recette de billes d’engrais

  • Prenez de l’argile et laisser là s’imbiber d’eau dans un récipient pendant plus d’une heure.
  • Une fois l’argile correctement imbibée, évacuer l’excédent d’eau et remettez ensuite un apport d’engrais liquide pour aquarium rajoutez-y de la latérite (terre originaire de milieux tropicaux souvent riches en fer et disponible dans bon nombre de commerces aquariophiles).
  • Faire un mélange homogène jusqu’à arriver à une densité rappelant celle de la pâte à modeler.
  • Former des petits boudins de 5-6 mm d’épaisseur et les passer une heure au four à 50 C°.
  • Après refroidissement ceux-ci seront utilisables en aquarium, terrarium, plantes intérieures, etc.

Acclimatation végétale

Activer les hormones végétales

Les auxines sont hormones végétales de croissance. Coupez les racines avant mise en eau, élaguer les feuilles.

Soigner le stress hydrique

L’eau de saule et l’aspirine sont des bons remèdes. Il a été prouvé que l’acide salicylique permet de bloquer la réponse à une blessure provenant de l’[. L’acide abscissique est une hormone de stress libérée par toutes les plantes en réponse à une blessure, une maladie, mais particulièrement à un stress hydrique (lorsque la différence de concentration en eau entre le sol et l’atmosphère est trop importante la plante génère cette hormone qui, en fermant les stomates, permet de limiter l’évapotranspiration et donc une forte déshydratation). Il induit la fermeture rapide des stomates et la « fermeture » des secteurs blessés de la plante.

Saule pleureur
Sale pleureur (Salix babylonica )

Le bon apport d’engrais

Au moment de l’introduction d’une plante en aquarium, celle-ci à d’abord connu un environnement ou elle a reçu des engrais en bonne quantité et parfois même subit un traitement aux hormones de croissances. Ceci cumulé au transport et au séjour chez le commerçant fait que souvent les pieds achetés dans le commerce sont “épuisés” au moment de l’acquisition. Un apport d’engrais ajusté peut parfois s’avérer nécessaire. Il est important alors de bien comprendre ce que l’on va faire.

Si l’on prend les notices de commerce on s’aperçoit rapidement que les dosages correspondent à un litrage, mais ce rapport est un rapport faussé si l’on vise une réussite concrète !

Simple exemple : un aquarium de 60 litres avec juste un pied d’anubias (croissance lente) nécessitera moins d’apport que le même 60 litres remplis d’hygrophyla angustifolia (croissance rapide) avec une installation CO₂ (activateur de la croissance). Pour cela il convient d’observer régulièrement et de tenter des expériences.

Un entretien régulier

Un aquarium planté nécessite un entretien régulier afin de conserver son esthétique particulière.

La taille des plantes

Elle va permettre de structurer le paysage et d’éviter que les plantes à croissances rapides nuisent à leurs voisines. De plus elles vont maintenir un port compact et une bonne densité de feuillages. La taille permet de vivifier les plantes et de les pérenniser sur le long terme.

L’apport d’engrais

Différents engrais doivent être ajoutés pour nourrir les plantes. En effet les couleurs et la croissance ne peuvent se parfaire sans nutriments. Afin de rentabiliser les apports d’engrais n’hésitez pas à diviser par trois les dosages hebdomadaires renseignés sur les notices d’emploi ! De petites quantités plus régulières seront un gage d’une meilleure absorption et permettront d’éviter qu’une partie des éléments ne se recombine chimiquement sous des formes moins assimilables.

Les changements d’eau

Comme pour les animaux, les plantes ont besoin de changements d’eaux, ceux-ci vont éliminer les surplus azotés et phosphoreux dont le surdosage peut nuire aux végétaux, on évite également les formations d’acidose.

Lumière sur l’éclairage

L’éclairage est un élément capital de la croissance des plantes. Nous allons tenter d’y voir un peu plus clair.

Estimer l’intensité de l’éclairage

1 watt / 1 litre = un éclairage intense, convenant même aux plantes les plus exigeantes (cabomba furcata, plantes rouges, lilaeopsis, etc.)

1 watt / 2 litres = un éclairage moyen, il sera suffisant pour une grande gamme d’espèces (echinodorus, nomaphila, ludwigia, etc.)

1 watt / 3 litres = un éclairage faible, il conviendra à des espèces peu exigeantes (anubias, cryptocorynes, microsorium, etc.)

Les unités de mesure

Watts : c’est l’unité de mesure de quantité d’énergie utilisée par le tube.

Température de la lampe : Permet de mesurer la couleur dominante pour notre œil, exprimée en Kelvin (K). Le rouge et le jaune ont les températures les plus basses alors que le bleu produit des températures plus élevées. Par exemple, une bougie aurait une température d’environ 1 500K, un coucher de soleil 3 000K, la lumière du soleil vers midi 5 500K, un grand ciel bleu d’été entre 9 000K et 12 000K. En aquariophilie, un tube de couleur à 4 000K donnera une couleur plus “chaude” qu’un tube à 10 000K (couleurs bleutées dites “froides”).

Le spectre lumineux : il correspond à l’ensemble des rayonnements formant une combinaison de couleurs : rouge, jaune, vert, bleu (arc-en-ciel). Les tubes aquariophiles doivent se rapprocher le plus possible du spectre adapté à la croissance des plantes : ceci n’est pas aisé, notamment parce que le spectre lumineux induisant la photosynthèse (surtout dans les rouges et bleus) ne correspond pas forcément au spectre privilégié par l’œil humain.

L’Indice de Rendu des Couleurs (IRC) : L’IRC se base sur la lumière solaire et à son effet pour l’œil humain sur l’apparence des différents objets sous cette lumière, 100 correspondant à la lumière solaire. Vous avez sans doute déjà essayé un vêtement sous l’éclairage artificiel d’un magasin pour vous apercevoir en sortant que sa “couleur” “était sensiblement différente. L’explication est que l’IRC des lampes du magasin étant plus bas que celui correspondant à la lumière solaire, la différence était visiblement remarquable. On utilise généralement en aquariophilie des tubes se rapprochant de l’indice 100 (>90). Plus on s’éloigne de 100, plus les couleurs des poissons nous paraissent peu naturelles.

Durée d’éclairage : chez une grande moyenne de plantes le cycle de photosynthèse met à peu près une heure à démarrer correctement et la plante va remettre une heure pour passer en mode nocturne.

Il est important de respecter les cycles des végétaux, l’effort demandé pour la mise en route de la photosynthèse doit “être rentabilisé” par la plante, sans quoi elle s’épuise et perturbe son système hormonal.

Au niveau de la durée on préconise souvent une moyenne de 6 à 8 h par jour. Attention ! Il ne sert à rien de rallonger la durée d’éclairage pour compenser une intensité lumineuse trop faible. Ne pas oublier non plus que la lumière diminue avec la profondeur de l’aquarium

Les cohabitations animales

Les cohabitations utiles

Melanoides tuberculata : il aère les sols et enfuit des composées organiques.

Otocinclus affinis : il vient nettoyer les plantes des algues et impuretés pouvant se déposer sur les feuilles et gêner la photosynthèse et la respiration.

Caridina multidentata (japonica) : elle a le même rôle que l’otocinclus. De plus, elle éliminera les parties fanées de la plante.

Planorbeus corneus : nettoyeur au même titre que la caridina.

Bunocephalus coracoïdes : surnommé le poisson banjo, il permet l’aération des sols et l’enfouissement de ses excréments. Il est une source de nutriments primaires.

Les cohabitations à éviter

Les écrevisses

Ancistrus, peckoltia, plecostomus (grand loricariidés)

Poissons herbivores : mbunas, leporinus, poisson rouge, etc.

Chromobotia macracantha

poissons rouges
Les poissons rouges nécessitent des plantes qui leur résistent au risque de voir celles-ci faire partie de leur buffet.

Les nutriments utiles aux plantes

Les nutriments primaires

Le potassium : il fait partie des trois éléments primaires (les autres étant le phosphore et l’azote). C’est un activateur d’enzymes et joue un rôle important dans le bon fonctionnement des stomates et dans la formation des tissus.

L’azote : C’est un constituant essentiel de la matière végétale et des protéines. Il intervient comme activateur de croissance et de photosynthèse.

Attention ! Les surdosages en milieu aquatique entraînent une augmentation de la teinte de vert au niveau feuillage, une mauvaise assimilation d’autres nutriments, une vitrification (surtout les cryptocorynes), une sensibilisation aux pathogènes, un retard de croissance et de maturité.

Le phosphore : Il intervient dans la photosynthèse et l’élaboration cellulaire des plantes (croissance). Il joue un grand rôle dans la respiration des plantes.

Les nutriments secondaires

Le fer : il participe activement à la photosynthèse et à l’élaboration de la chlorophylle.

Le cuivre : il intervient dans la résistance aux maladies, la floraison et la fabrication des graines. Il permet une meilleure production de glucides et dans les tissus de soutien.

Le calcium : c’est un activateur d’enzymes. Il intervient dans les tissus de soutien et la respiration, le système racinaire et du méristème ont un besoin important en calcium.

Le magnésium : il intervient de manière capitale dans la formation de la chlorophylle et de la croissance.

Le carbone : assimilé la plupart du temps sous forme de dioxyde (CO2) il intervient dans la formation des tissus et l’élaboration des glucides (la plante étant autophore) base énergétique de l’activité botanique.

Attention : la grande majorité des maladies botaniques en aquarium proviennent d’un environnement mal adapté ou d’un mauvais dosage en nutriments.

Les maladies des plantes

Comme pour tous les êtres vivants, on évite la grande majorité des maladies des plantes en garantissant un environnement adapté et sain.

La chlorose :

Vérités sur la chlorose :

Manque de fer, mais potentiellement aussi de magnésium, zinc, manganèse ou azote.

Causes :

Carence(s) : La plante est en bonne santé mais ne dispose pas des ressources suffisantes à sa photosynthèse

Taux de calcaire élevé : Diminution des capacités d’assimilation du fer. La “chlorose calcique” se manifeste par un pâlissement (ou blanchiment) des feuilles. Elle est due à un excès de calcium (souvent repéré par une dureté et un pH qui augmentent) qui empêche l’assimilation du Fer (Fe++) par la plante. La teneur en Fer est donc sans importance dans ce cas, et la plante s’affaiblit puis dépérit. La solution consiste à abaisser le taux de calcium de l’eau et à dissoudre du fer chélaté hydrosoluble.

Lumière insuffisante : Difficulté d’établir la photosynthèse, nécessaire à la production de la chlorophylle

PH inadéquat : Difficultés d’assimilation des nutriments

Drainage insuffisant : Les bactéries aérobies ne savent plus jouer leurs rôles de prédigestion des nutriments pour les racines. Le pourrissement des racines n’est visible que lorsque toutes les racines sont abîmées et que la maladie remonte vers les parties visibles de la plante : Il est souvent trop tard. La maladie est due à des bactéries anaérobies qui se multiplient dans un sol colmaté qui fermente.

Chlorose génétique : Exemple avec l’anubias nana “Golden” ou Anubias “Pinto White”

Anubias Pinto White
Anubias “Pinto White”

La vitrification : Maladie touchant principalement les cryptocorynes. La plante semble aller pour le mieux puis se décompose sur elle-même en un temps record.

Il y a en général trois causes fréquentes à cette pathologie:

  1. Le forcing immergé (voir ci-dessous)
  2. Une forte pollution organique qui forme des cristaux dans le système vasculaire de la plante
  3. Une virose qui détruit le système vasculaire de la plante.

Le forcing immergé : Il faut distinguer deux groupes de plantes vendus en aquarium, celles qui sont immergées naturellement et celles qui poussent en mode palustre.

En effet dans les milieux naturels, beaucoup de milieux aquatiques sont opacifiés par les remous des cours d’eau, les eaux ambrées de tanins provenant des milieux forestiers avoisinants.

Une grande majorité de plantes aquatiques vivent donc de préférence en zone palustre (bord de berges) c’est le cas entre autres des Echinodorus, Cryptocorynes, et Bucephalandra. En saison des pluies elles se retrouvent parfois immergées durant quelques mois avant de retrouver un mode de vie émergé.

Ces plantes poussent plus rapidement en culture émergée et avant d’arriver chez un commerçant, elles n’ont jamais connu le mode de vie en aquarium ou en bassin, il faut donc parfois s’attendre à une phase d’adaptation ou la plante peut perdre des feuilles, jaunir, brunir.

Certaines espèces proposées sont des plantes exotiques qui vivent parfois dans des milieux à l’atmosphère humide, mais où elles ne sont jamais immergées… Ces plantes peuvent très bien convenir pour un paludarium ou un aquaterrarium, mais seront à proscrire en aquarium ! Il s’agit, par exemple, des Spathiphylum, Dracaena, Cordyline et Chlorophytum.

Certaines espèces qui sont des aquatiques véritables ne poseront pas de soucis (Ceratophylum, Egeria, Cabomba, Myriophylum, Vallisnerie, etc.)

Les algues :

Les algues rentrent souvent en concurrence avec les plantes aquatiques. Si elles s’installent sur le feuillage elles finissent souvent par étouffer la plante et dans certains cas il existe même des groupes d’algues semi-parasites capables de tirer la sève des plantes à travers le derme et elles peuvent ainsi se fournir en nutriment pré-assimiler. Dans tous les cas les algues ont une capacité souvent plus rapide à exploiter les éléments dissous dans l’eau que les plantes dites “supérieurs”.

myriophylle
Ce myriophile en concurrence avec les algues risque de péricliter si rien n’est fait à temps !