Elles font le malheur de bien des jardiniers et pourtant. Mis à part un opportunisme légitime qui les pousse parfois à devenir envahissante, les “mauvaises herbes” sont-elles si mauvaises que ça ?

Définition d’une mauvaise herbe
Une “mauvaise herbe” ou adventice désigne une plante qui colonise une zone définie sans y avoir été préalablement installé. Il peut s’agir d’espèces qui vont se propager par rhizomes ou boutures ou grâce à un système de semence particulièrement efficace (grande fertilité, haute capacité d’adaptation, résistance à la dessiccation et à l’étouffement en sol profond, propagation sur courte et longue distances, etc.). Souvent mal aimées pour des raisons liées au diktat de ce que doit être un “beau” jardin ou pour les problèmes liés à la compétition des ressources, elles ont néanmoins des avantages intéressants dont il est bon de tirer parti.
Il n’y a pas de mauvaises herbes, il n’y a que des mauvais regards…” Gilles Clément (Paysagiste français)

Que peut-on leur reprocher ?
- Une esthétique brouillonne dans les massifs
- Une compétition au niveau des ressources (lumière, eau, nutriments, espace, etc.)
- Dans certains cas elles peuvent former des niches pour les ravageurs (champignons, bactéries, virus, etc.)
- Perte de rendement en cas de cultures potagères
- Une série de contraintes liées à leur haut potentiel d’installation.
Mais elles ont aussi des qualités

- Niche nourricière pour les auxiliaires de cultures (hérissons, oiseaux, coccinelle, carabes, etc.)
- Maintenance des mycorhizes (champignons racinaires agissant comme adjuvant symbiotique à l’assimilation des nutriments).
- Bio indicatrice des sols (exemple avec l’ortie ou la chélidoine qui indiquent une teneur élevée en azote dans le sol). Dans d’autres cas, une invasion de masse d’une espèce peut-être signe d’un déséquilibre à corriger.
- Plusieurs espèces comestibles et/ou médicinales
- Une esthétique oubliée (exemple avec l’achillée millefeuilles qui se vend en jardinerie sous divers cultivars, alors que la forme sauvage se retrouve abondamment dans les jardins).
Que faire contre les mauvaises herbes ?

Le désherbage systématique s’avère souvent long et fastidieux avec un résultat peu probant sur la durée… Quant aux désherbants chimiques, en plus d’être polluant et dangereux pour la santé, ils tentent à devenir de moins en moins efficaces à cause de la capacité de plusieurs espèces à muter et à s’immuniser contre les toxiques.
Le paillage est une solution saine et efficace sur le long terme, nous aurons à cœur de recommander particulièrement les paillages organiques tels que les écorces, le carton, la tonte de pelouse, la paille (si possible non traitée), le géotextile en amidon de mais (à utiliser en connaissance de cause car il a tendance à se dégrader en l’espace de quelques mois).
La technique du faux semis permet de limiter la propagation des adventices. Pour cela c’est très simple, il suffit de nettoyer la zone voulue et de la préparer comme pour un semis traditionnel. On la laisse ensuite deux semaines en attente pour permettre aux graines adventices de germer et l’on passe un coup de rasette pour les éliminer.
Une acceptation philosophique de leur présence aux jardins… Beaucoup d’espèces sont moins envahissantes que ce que l’on prétend et l’on peut souvent les canaliser. De plus si l’on apprend à les regarder différemment, on peut être surpris de voir leurs beautés se révéler. Pourquoi ne pas pratiquer la cool attitude et leur laisser une place dans nos compositions ? Elles ne coûtent rien, sont parfaitement adaptées à nos sols et sont très résistantes
Pour vos massifs choisissez des espèces hautes et à grandes feuilles, elles auront ainsi un pouvoir canalisant envers les adventices.

Quelques adventices intéressantes à préserver dans un coin du jardin
- Ortie : Source de nourriture pour plusieurs chenilles de différentes espèces de papillons, elle peut également se consommer en jeunes pousses cuites et en soupe. On l’utilise également pour faire un purin de grande qualité.
- Achillée millefeuilles : Source nectarifère pour plusieurs butineurs et médicinale.
- Géranium robertianum : Très jolie petite fleur sauvage qui vient combler les trous dans les massifs sans gêner les autres plantes. Propriétés anti-inflammatoires grâce aux tanins contenus dans ses feuilles.
- Liseron : nécessite d’être canalisée mais apporte une microvie intéressante dans les sols
- Arroche : Consommation de ses feuilles comme des épinards.
- Bleuet des champs : Plante en voie de raréfaction, proposant une petite fleur bleue très esthétique.
- Vipérine : Grande résistance à la sécheresse, hampe florale bleutée en fin de printemps.
- Chardon-Marie : Feuilles décoratives et source de nourriture pour plusieurs espèces d’oiseaux granivores.

Le chardon-Marie à tout pour plaire après tout… Un feuillage graphique et une fleur somptueuse !