Lors de discussions diverses avec des amateurs de jardin, on entend souvent dire tout un tas de choses au sujet des différentes tailles. Petit tour d’horizon pour affiner votre regard sur la taille et ses actions.

Un vaste sujet
Entre les différentes espèces, techniques et périodes (sans compter les zones géographiques et climatiques), il y a de quoi s’emmêler au sujet de la taille et cet article sera d’ailleurs loin de donner un avis exhaustif ! Néanmoins, nous pouvons tenter d’éclaircir le débat en précisant de base qu’il existe 2 périodes principales qui sont propices à la taille.
- Le début de printemps ;
- La fin de l’été jusqu’au milieu de l’automne (et donc, hormis exception, l’hiver est une mauvaise idée).

Dans la plupart des cas il sera plus adéquat de procéder à des tailles dites douces pour ne pas créer une agression trop importante ou un dérèglement biomécanique (à titre d’exemple, la taille est souvent conseillée pour favoriser les floraisons, mais elle peut aussi retarder la maturité d’une plante et par conséquent sa capacité à produire une floraison).
Il existe bien sur des cas où il sera conseillé d’être drastique ! Notamment avec plusieurs graminées ou vivaces qui ayant évolué avec divers animaux herbivores ont pris le pli au fil de l’évolution, de se refaire une santé après avoir vu toute leur partie aérienne se faire avaler par un troupeau de ruminants ou un lapin solitaire.
On peut d’ailleurs faire un petit récapitulatif des avantages et inconvénients attribués à la taille :
Les avantages de la taille
- Contrôle d’espace et de volume ;
- Meilleure production florifère et/ou fruitière ;
- Création d’une esthétique ;
- Protection face à certaines maladies et augmentation de la vitalité ;
- Meilleur accès à la lumière.
Les inconvénients de la taille
- Retard de maturité possible ;
- Risque d’affaiblissement ;
- Mauvaise cicatrisation et épuisement.
Bien souvent la taille est consécutive à un désir du jardinier plus que d’un besoin de la plante en elle-même. Si l’achat de la plante s’est montré conscient, il y a peu de chance que celle-ci ait réellement besoin d’une taille.
Une bonne base et de bons gestes
Quelle que soit la technique ou le type de plante visé, n’oubliez pas de bien désinfecter vos outils pour éviter la propagation de germes et d’avoir un matériel qui produise une découpe nette afin d’assurer une cicatrisation optimale. En cas de taille importante, on peut être amené à utiliser du baume de cicatrisation (particulièrement si la plaie va être exposée à un climat humide).

Quelques techniques utiles à connaître
- La taille architecturale : classique des buis, c’est la taille esthétique par excellence qui tentera de donner une forme à la plante (boule, pyramide, silhouette, etc.). Adaptée pour certaines espèces comme le buis, ilex crenata ou cognassier, elle peut annuler la floraison chez d’autres comme le wegelia ou le deutzia.
- Taille d’accompagnement : une taille douce qui va se concentrer sur la forme naturelle de l’arbre et qui va surtout éliminer les zones faibles, branches mortes, etc.
- Taille de formation : Privilégiée sur de jeunes arbres pour guider les silhouettes et optimiser la croissance.
- Taille en couronne haute : il s’agit de supprimer les parties basses de la plante, pour dégager un passage ou favoriser l’aération de son pied (avantage sanitaire, mais favorise aussi l’évacuation de l’eau).
- Taille sanitaire : c’est la taille qui va permettre de récupérer un arbre vieilli et/ ou mal géré … Il va s’agir de le redensifier en favorisant la pousse des bourgeons latéraux ou au contraire de l’aérer en éliminant le compactage de certains branchages.
- L’élagage : redéfini la structure d’un arbre en éliminant les grosses branches.
- Tailler court et tailler long : le premier signifie une taille forte et est principalement utilisé pour remettre en état des arbustes affaibli qui produiront de la sorte un nombre de tiges limitées, mais plus vigoureuses. Le second désigne une taille légère (synonyme de la taille d’accompagnement).

Quelques tailles au regard des différentes espèces
Tailler un hydrangea / un hortensia
- Élimination des fleurs fanées et du bois mort en automne.
- Fin d’hiver / début de printemps : On peut casser les vieilles branches afin de favoriser le bois jeune. On favorisera l’accès de la lumière au centre du pied. On coupera à 1 ou 2 cm au-dessus de la première paire de bourgeons latéraux
Encore une fois un Hortensia non taillé ne pose pas de problème, la taille diminue le nombre de fleurs, mais rend celles-ci plus imposantes.

Tailler des rosiers

Une tradition ancienne précisait la taille des rosiers au 15 mars (ce qui est un peu trop précis que pour être réaliste, avouons-le) mais cela provient d’une époque ou la majorité des rosiers diffusés était du type Polyantha. Il y a, en effet, beaucoup de variations selon la région et le type de rosiers. Cependant l’été est une période favorable à une bonne moyenne de variétés. Néanmoins l’élimination des fleurs fanées ou l’élimination du bois mort peut se faire à tout moment.
Tailler la vigne
On procède idéalement en fin d’hiver ou début de printemps pour les zones les plus froides. La sève étant encore dans le pied, on peut procéder à une taille plus vigoureuse. On peut lui adjoindre un engrais fin de l fortifier et d’augmenter la production de fruits. Le principe de base se fait sur la sélection des yeux (ou bourgeons) dont les plus fertiles que nous laisserons par groupe de 3 seront ceux ayant poussé sur le bois âgé d’un an. On élimine le bois mort et les tiges en base de pied pour favoriser la diffusion de la sève et des nutriments vers les fruits.

Tailler le buis
Peut-être taillé de manière architecturale ou en formation. Les périodes idéales étant avril/mai et août/septembre.

Tailler la glycine
Il faut privilégier l’élimination des parties vertes, car la taille en partie boisée peut potentiellement soit affaiblir la plante, soit donner un coup de boost à sa croissance. On agit idéalement avec une coupe de rameaux de l’année précédente en mars, une coupe en fin de floraison et une élimination des 2/3 en août pour canaliser la plante.

Tailler un ibiscus syriacus
On les taille idéalement en février/mars en supprimant tout ce qui est plus haut que le troisième œil des branches choisies en charpente. On peut éclairer les branches latérales, mais il ne faudra pas oublier de rabattre les autres situées en partie basse, car au fil du temps les hibiscus ont tendance à se dégarnir en base de branches.

Tailler la lavande
La taille de la lavande à deux objectifs : l’augmentation de la floraison et la pérennité de la plante qui à terme aura tendance à se dégarnir et à se coucher avec le temps. On commence idéalement la première taille en mars en rabattant la plante jusqu’à dévoiler les gros bourgeons qui vont lui permettre de se densifier. En août, on viendra éliminer les parties mortes et malingres et l’on arrondira la silhouette, on pourra éventuellement pratiquer une taille de couronne si nécessaire dans les régions plus humides.

Tailler le forsythia
À tailler en mai/juin après la floraison. On éliminera idéalement les branches centrales pour limiter la densité intérieure de la plante, ainsi que les parties affaiblies.

Tailler le photinia fraseri
On le taillera idéalement en été après la floraison de manière assez drastique (1/3 de branches). Ce qui permettra de provoquer le rougissement de la repousse, et ainsi d’offrir de la couleur durant les périodes automnales et hivernales. L’idée principale sera de garder la charpente en aérant le centre. On alternera cette taille plus conséquente avec d’autres sessions plus douces, car le photinia ne gagnera pas à être taillé de manière trop importante trop régulièrement.

Tailler l’Aucuba japonica
On peut éventuellement lui offrir une taille d’accompagnement au printemps et suivie d’un ajout d’engrais organique pour stimuler la croissance, mais il faudra surtout éviter la taille automnale qui supprimera l’apparition de ses baies décoratives.

Tailler le potentilla fruticosa (potentille arbustive)
Très accommodantes, on peut les tailler en mars en les rabattant d’un tiers pour stimuler la densité du feuillage et de la floraison à venir. L’idéal étant de s’assurer de le faire à un étage bien garni de beaux bourgeons.

Tailler le physocarpus opulifolius
Une fois tous les 5 ans, on peut procéder à une taille longue pour le rabattre à sa base, et ainsi provoquer une repousse vigoureuse et rajeunie.

Avec le temps, l’expérience…
Si vous avez des craintes concernant la taille, n’hésitez pas à demander conseil auprès de personnes expérimentées et à vous entraîner avec des végétaux tolérants. Peu importe que cela vous semble facile ou compliqué, c’est l’expérience et la répétition de la pratique qui vous guidera vers l’amélioration.
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